Jardins Secrets -la Résidence Secondaire

JARDINS SECRETS

Exposition du 13 juin au 21 juin 2015

à la Résidence Secondaire

146, boulevard de Charonne, 75020 PARIS

Une exposition proposée par le collectif Barbès Paris avec les œuvres d’Aline Aune, Nour Awada, Cécile Chaput, Anne-Charlotte Finel et Jacques Girault

Installation culinaire de Laura Schiffman

Commissariat : Jeanne Barral

 

Approchez et tâchez d’entrer dans ce jardin. Cherchez-en la clé, et pénétrez dans ses bosquets. Promenez-vous, perdez-vous, avancez plus profondément dans ce dédale de plantes et de ruines.

Ne craignez pas d’être voyeuriste, osez l’indiscrétion. Tentez de découvrir les secrets de ce lieu, tant physique que mental.

Lieu physique, endroit dérobé, romantique par essence, aux abords d’un château hanté, rocailleux et labyrinthique, le jardin secret est le décor de scènes de galanterie et de viles intrigues.

En trompe-l’œil, il est faux, artificiel, sans doute en contre-plaqué. On pense aux folies néo-gothiques, ces cachettes que l’on découvre le long de chemins bordés de ronces. Ce sont les jardins artificiels reconstitués en trompe l’œil dans lesvivariums d’Aline Aune, et les constructions factices imaginées par Cécile Chaput

pour tromper notre perception et faire croire à des volumes qui n’existent pas. Ce sont aussi ces paysages en reconversion, entre nature domestiquée et jungle urbaine, filmés par Anne-Charlotte Finel.

Lieu mental, il est aussi la cachette du Moi, s’incarnant dans le journal intime qu’on ne dévoile jamais. Il est sensuel, personnel et onirique, comme le travail de Nour Awada. Il évoque les fantômes de nos vies et les efforts qu’on fait pour les enfouir très profondément. Géographie hybride et intime que l’on cache, au propre comme au figuré, sous une tente.Fermez à clé, et jetez-la dans la Seine avant de repartir.

L’exposition se parcourt au détour de bosquets d’œuvres, en évoluant à travers des chemins créés par des cimaises, et le linge qui sèche, traçant des labyrinthes,voyant parfois s’élever une haie, ou découvrant une percée dans le feuillage. Le circuit nous mène à une installation de Laura Schiffman, portion de Terre qui tout juste soulevée dans les airs, s’offre aux expérimentations qu’on osera tenter, au sein de l’espace d’exposition.

 

jardins

Humanizer – galerie Chenaux

Artiste :Nour Awada, Kenny Dunkan, Lenny Rébéré, Jeanne Briand, Ji-Yun

Commissariat : Jeanne Barral

15 octobre – 7 novembre 2015

Bats les masques ! Montrez-nous qui se cache derrière ce visage. Faites ressortir la figure et donc la chair, le corps, l’animal sous cette façade.

Si la tradition de la peinture est intimement liée à celle du portrait, la représentation de la figure humaine a tardé à s’exprimer comme telle. Dans l’Europe chrétienne, pendant mille ans, la figure qu’on représente, c’est celle du Christ, de Marie et des saints, qui sous des traits humains, évoquent voire représentent Dieu et le caractère divin. L’art byzantin est le sommet de la transcendance et tout sur le tableau est régi par des codes que seuls l’esprit peut comprendre. La représentation des commanditaires des tableaux (d’abord en petit, pour insister sur leur état païen) est une première évolution bientôt complétée, à la Renaissance, par le développement des portraits de princes et de riches bourgeois, en mesure de s’offrir les services des meilleurs peintres. Je vois une deuxième révolution suite à la Première Guerre mondiale. Les gueules cassées par les nouvelles armes et les estropiés des tranchés semblent avoir modifié complètement la représentation de l’humain. Les cubistes vont ainsi géométriser puis simplifier à l’extrême la représentation des hommes et des femmes.

Parallèlement, l’abstraction va achever cette transformation. Les icônes religieuses ont laissé la place au carré noir sur fond blanc de Malévitch. S’ouvre alors une longue période de mise à dos de la vieille peinture figurative, et de la contemporanéité abstraite.

Mais un peintre, parvient à sortir de cette dichotomie : c’est Francis Bacon, qui peint en 1944 Trois études de figures au pied d’une crucifixion. Comme Gilles Deleuze, j’y vois l’issue à l’opposition abstraction / figuration. Deleuze la décrit comme la logique de la sensation : le visage a disparu au profit de la figure, qui a pour fonction de rendre sensibles des forces qui ne le sont pas par elles-mêmes.

Les cinq artistes présents dans cette exposition sont pour moi dans cette même démarche. Ils ne se posent plus la question de l’opposition entre le figuratif et l’abstrait, ils ne se posent même pas la question du medium utilisé : ils passent tous de la sculpture à l’installation, du dessin, à la vidéo, de la performance à la photographie. Une chose les lie, et c’est ce dont il est question dans cette exposition : c’est une certaine façon de rendre la figure humaine présente et tangible, sans la représenter, ni se contenter de l’évoquer. Tous les cinq proposent à leur façon des présences humaines, incarnées, charnelles, grimaçantes, parfois inquiétantes.

Bienvenue dans cette armée humaine.